BAbam baBAM BAbam { Libre

Des souvenirs, comme des flash qui vous aveuglent. Mais en même temps, vous ne pouvez y échaper, ils sont si nombreux, si violents et surtout si vrais que cela devient difficilement suportable. Notre regard cherche désespérement un endroit où fuir pour éviter cette lumière mais rien, à chaque battement de cils le blanc foudroyant vous percute à nouveau la rétine et l'on se retrouve prisonnier, de nous même, comme un animal au milieu de la route, figé par les phares. Lié, à une mort certaine. Pourtant malgré le danger, la bestiole ne bouge pas. Non, elle patiente simplement, sentant l'adrénaline monter peu à peu en elle tandis qu'elle regarde sa fin se rapprocher d'elle. Puis plus rien, en général cette phase là ne se produit que lorsque le choc sonore se fait entendre; celui où le corps percute violement le véhicule et où la vie s'éloigne peu à peu de la bête, la laissant dans une longue agonie. Un jour quelqu'un a dit que l'on revoyait sa vie défiler devant ses yeux lors de notre mort mais c'est faux. On pense simplement au moment présent, et aux regrets que l'on pourrait avoir...

Une douleur piquante, à la limite du suportable qui s'installe dans vore poitrine, vous savez sur le côté gauche. Oui c'est bien ici, au niveau du coeur. BaBAM BAbam baBAM. Un rythme cardiaque plutôt mouvementé, quelque chose que l'on ne peut contrôler même doté de pouvoir dépassant le monde naturel. Il y a des choses qui sortent de toutes raisons et dont personne ne connait les ficelles ou le mécanisme qui permettraient de réparer ceratins objets. Lorsque le coeur n'obéit plus aux ordres d'un corps, peut-être vaudrait-il mieux l'arrêter, remettre les compteurs à zéro. Et pourtant. C'est si agréable de le sentir palpitant dans sa poitrine, dévoué, dans une semi-liberté dans laquelle on se sent comme chez soi... C'est ce qu'elle devait ressentir chaque jour en croisant Matt sur le palier. Oui quelque chose qui l'envoûtait un peu plus chaque jour, encore et encore jusqu'à la limite extrême de la folie. Et puis un jour on aime tellement que l'on ne voit plus rien autours, même l'amour évaporé depuis longtemps déjà, de l'être aimé. On vit dans le plus beau des mondes et lorsqu'il arrive quelque chose chez autrui on dit: ça n'arrive qu'aux autres. Oui c'est bête certes et totalement dénué de toute logique mais lorsque l'on nage dans le bonheur, le malheur ne nous atteint plus.

Voilà ce qu'elle ressentait en cet instant, tenant fermement l'arme entre ses mains tremblantes. Il était là aussi beau qu'avant mais le sourire qu'il arborait d'ordinaire avait disparut et ses paroles raisonnaient en boucle dans son esprit: c'est fini. Non c'était impossible ! Matt avait toujours été là, présent et aimant. Ah moins que... et si... Oh si vous saviez comme on peu refaire un monde avec ces deux petits morceaux de phrases. Aussi blessant que cela était, elle lisait dans ses yeux que s'était la vérité, l'amour dans son coeur avait disparu mais dans le sien il était toujours présent. Et c'est ainsi, lorsque ses pensées fatidiques arrivèrent à son coeur qu'elle tira. Une détente, unique et pourtant si douloureuse. peut être souffrirait il autant qu'elle était en train de le faire. Doucement dans une marre rougeâtre elle s'approcha de lui et sur ses lèvres déposa un ultime baiser. Tout avait fini comme ça pour débuter ailleurs...

Matt ouvrit les yeux, son regard d'un vert piquant se posa sur la Seine tandis qu'il finissait son footing. Oui il se souvenait encore des derniers instants de sa vie et il tentait de comprendre ce qu'elle avait pu ressentir en cet instant précis. Jamais il n'était parvenu à résoudre ce mystère mais il pensait s'en être sensiblement approché. Oui, cette nuit là elle l'avait tué et ce par amour. Acte stupide ou démonstratif ?! Allez savoir chacun son point de vue sur la chose. Mais le jeune homme se souvenait encore de son regard, le dernier, emplit de larmes qu'elle avait posé sur lui. Il l'avait terriblement blessé, elle s'était vengée. Quoi de plus normal après tout. Il se stoppa alors un court instant et s'appuya des deux coudes sur le petit mur qui séparait la promenade du fleuve. Ses écouteurs sur les oreilles ne l'empêchaitent pas d'entendre les vagues mais elles lui semblaient tout de même plus lointaines qu'à l'ordinnaire. Il souffla quelques instants, s'étirant même durant quelques secondes, son regard perdu dans les flots. Comme chaque soir il était sortit mais celui-ci n'était pas pour se nourrir, juste pour changer d'air et pour tenter d'élucider ce mystère: la raison qui l'avait poussé à lui tirer dessus il y a de ça de nombreuses années...